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Photo du rédacteurCharlotte de Silguy

Vous êtes tous tarés ! Et géniaux...

Les tarés sont géniaux et les génies sont tarés.

D’ailleurs, nous sommes tous géniaux, et tarés.

C’est grâce à nos tares que nous sommes géniaux.

Nos gênes et nos gènes génèrent généralement notre génie.

Étymologiquement, le gène « donne naissance », la gêne « fait avouer sous la torture ».

Nos génies naîtraient donc peut-être grâce à nos gênes tapies dans nos gènes ?

Puisque l’anagramme de handicap est « pêchai ADN », allons puiser des merveilles dans nos handicaps congénitaux, dans tout ce qui est pathogène, et chez ceux qui nous bouffent notre oxygène.

Allons pêcher de beaux poissons dans nos poisons.

J’en profiterai pour vous avouer une de mes grandes tares, qui a donné naissance à un art…


En compensation de leur cécité, les aveugles ont développé d’autres sens. Des talents utiles.

Les personnes autistes ont une forme d’intelligence très subtile, qui relève parfois du génie.

Ceux dont les jambes sont inertes avancent autrement. Parfois c’est même le cerveau et le cœur qui fonctionnent rudement bien.

Certaines personnes enfermées dans des hôpitaux psychiatriques sont sans doute beaucoup moins folles que les médications qui leur sont administrées. A-normales, elles ont peut-être une logique autre que la norme normative. Hors norme, non comprise. Un talent é-norme !

D’ailleurs, « un oiseau né en cage pense que voler est une maladie », et « celui qui vit sans folie » n’est pas si sage qu’il croit (La Rochefoucault).

Lorsqu’on connaît une personne dotée d’un « handicap », on sait que derrière le « défaut de fabrication » se cache au moins un trésor. Parfois un véritable génie.

D’ailleurs l’inverse est vrai aussi ! Certains génies (politique, business, art, sport…) sont parés d’une véritable tare ! L’un ne va sans doute pas sans l’autre.


Le mot handicap vient de l’anglais « hand in cap » qui veut dire littéralement, « la main dans le chapeau ». Ça vient d’Angleterre, il y a plusieurs siècles : lors d’un troc, celui qui recevait un objet de plus grande valeur compensait en mettant une somme dans un chapeau pour rétablir l’équité. Cette tradition s’est transmise au hippisme marquant ainsi une volonté de donner autant de chances à tous les concurrents en imposant des difficultés supplémentaires aux meilleurs.


La métaphore est claire : si on a un handicap, c’est qu’on a un don quelque part. Et vice versa.


C’est un sujet qui me touche car j’ai un frère lourdement handicapé depuis sa naissance. Je l’appelle mon R2. Roux “au carré”, car c’est un roux sur roulettes. Mais derrière son handicap apparent se cache un personnage génial, un grand sage, plein d’humour qui a une mémoire dingue…

Alors, le handicap, les imperfections, les défauts, je connais bien. Et j’ai pris l’habitude, très jeune, de regarder spontanément que qu’il y avait derrière. Cela a été très modélisant dans ma personnalité et dans mon approche de la vie : grâce à mon frère handicapé, j’ai pris l’habitude de voir le génie qui se cache derrière nos défauts.


Ça a développé chez moi non seulement un désir de rendre parfait ce qui est imparfait, mais aussi un désir de guérir et une grande de familiarité avec les imperfections. C’est une caractéristique que j’ai : focaliser mon attention sur les imperfections de la vie. C’est en partie un art, et en partie une tare.


Un art parce que ça peut servir à voir à mille mètres le moindre détail qui tue, le caillou dans le rouage, le petit bug que personne n’a vu et qui peut poser problème…ou au contraire, qui est un trésor. J’ai même développé une agilité à déceler l’intérêt derrière les imperfections, bugs, problèmes, crises, et même celui des catastrophes.

A tel point que j’ai modélisé cette approche avec le coaching alchimique, permettant de transformer ce qui nous plombe en trésor ! Et ce, d’une manière quasi-mathématique… en décryptant ce qui se cache de génial derrière nos problèmes.


J’ai bien conscience aussi que cet art peut s’avérer une vraie tare, parce que je suis rarement satisfaite. Forcément, je vois toujours le micro bug ! Il m’arrive par exemple de confier un travail à quelqu’un, qui accomplit des merveilles. Mais avant de voir la réussite, l’intelligence ou la beauté, je vais voir d’abord le détail insignifiant qui n’a parfois aucune importance. Toute petite déjà, j’excellais, à faire un focus mes propres défauts, ce qui était légèrement déprimant… Et naturellement, quand j’observais le monde, je voyais en énorme toutes ses imperfections, toutes ses souffrances, toutes ces choses terribles, et ça m’atteignait profondément.


Mais aujourd’hui, j’ai décidé de me servir de mon art plutôt que de me lamenter sur ma tare, tout en prenant conscience que mon art s’est développé grâce à ma tare !

Et j’ai choisi de faire un focus sur ce qu’il y a d’intéressant derrière les problèmes du monde, et de le partager. Car le meilleur peut être engendré par le pire. Par les sagesses anciennes et la science, j’ai même parfois très envie de le prouver ! Et j’accompagne des personnes pour les aider à voir de l’or issu de leurs difficultés.


Derrière nos défauts, nos difficultés, nous avons tous des dons. Ces facultés sont des conséquences directes de nos handicaps qui se sont développés en réaction à eux.

Hélas, nos cultures nous invitent la plupart du temps à faire un focus sur les tares, en s’en lamentant. En ne voyant que la calamité.

Pourtant, en regardant nos défauts et nos difficultés autrement, comme de simples caractéristiques qui pourraient être utilisées à bon escient, on pourrait voir derrière nos handicaps des trésors intéressants pour soi, et pour les autres.


Par exemple :


Je me sens à l’écart / j’ai tendance à être à l’écart” : En étant à l’extérieur du cercle, on a une belle vue d’ensemble. On sait prendre du recul et voir des choses que les autres ne peuvent pas voir ! On sait écarter ce qui doit l’être, surtout quand ça porte préjudice. On a sûrement développé une belle empathie pour les personnes exclues, mises à l’écart, et on pourra avoir tendance à repérer très facilement ce qui devrait être au cœur des choses et qui ne l’est pas.


“J’ai tendance à culpabiliser / je vois tout le monde coupable de quelque chose” : Comme c’est assez désagréable, on cherche le “0 fautes”. On est en quête de perfection, de justice, de pureté. On a le goût du travail bien fait. Plus que quiconque, on veut défendre l’innocence et les innocents ; on recherche le vrai coupable : on sait repérer et résoudre le bug que personne n’a vu. On pourrait même exceller à rendre justice, avec un vrai talent pour aider les autres à se déculpabiliser, car on peut avoir au fond de soi une empathie pour les personnes qui ont des remords, qui se sentent coupables. Peut-être même qu’on pourrait savoir demander pardon... et pardonner.


Si on n’a pas encore développé des caractéristiques de cet ordre, qui sont de beaux talents latents, alors des petits ennuis pourraient bien venir nous titiller (en nous faisant nous sentir à l’écart, ou en ayant des petits - ou gros - soucis en lien avec la culpabilité) jusqu’à ce qu’on ose exprimer ces aptitudes tapies au fond de nous. Ils sont peut-être même là pour ça !

Je partage comment dans ce TedX.


Pour notre santé morale, notre sérénité, nos bonheurs, vaut-il mieux se lamenter de ce qui nous plombe, ou chercher l’or qu’il recèle, et le faire briller ?

Plutôt que de se plaindre des problèmes du monde, changeons de regard sur lui, et observons toutes les merveilles qu’il recèle… en osant regarder au-delà des apparences.


Pour aller plus loin sur le génie issus de nos handicaps :



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